Deuxième extrait
du Malade Imaginaire,
correction
A: Voici qui est plaisant: je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si
je veux?
T: Non, vous dis-je.
A: Qui m'en empêchera?
T: Vous-même.
A: Moi?
T: Oui, vous n'aurez pas ce coeur-là.
A: Je l'aurai.
T: Vous vous moquez.
A: Je ne me moque point.
T: La tendresse paternelle vous prendra.
A: Elle ne me prendra point.
T: Une petite larme ou deux, des bras jetés au cou, un " mon petit
papa mignon ", prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher.
A: Tout cela ne fera rien.
T: Oui, oui.
A: Je vous dis que je n'en démordrai point.
T: Bagatelles.
A: Il ne faut point dire " bagatelles ".
T: Mon Dieu, je vous connais, vous êtes bon naturellement.
A: (avec emportement): Je ne suis point bon, et je suis méchant quand
je veux.
T: Doucement, monsieur, vous ne songez pas que vous êtes malade.
A: Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari
que je dis.
T: Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.
Molière, Le Malade Imaginaire, extrait de l'Acte I, sc 5